STèLE Benoît d'ARCANGUES

 INAUGURATION DE LA STELE A LA MEMOIRE DU  SOUS LIEUTENANT BENOIT D'ARCANGUES

 

11 novembre 2004

 

 

 Discours du Président du Comité de Sargé du SOUVENIR FRANCAIS, Jean-Jacques Caffieri

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Au nom du Comité du Souvenir Français de Sargé, et en mon nom personnel, je remercie :

MM.

 

 

de votre présence et je vous prie d'excuser :

 MM. François d'Arcangues, frère aîné de Benoît et sa famille

M. Jean Castalion, pilote du char Le Navarre, son état de santé ne permettant pas de se joindre à nous aujourd'hui

Gaston Garnier, président de la 2e D.B. de la Sarthe, mais représenté par des membres de son bureau.

Pierre Gascher, ancien conseiller Général de Marolles les Braults

Jacques Lecossier, président des Médaillés Militaires de la Sarthe

 

 

Merci à Monsieur le Maire de Sargé, au conseil municipal et au Président Général du Souvenir Français pour leur concours apporté dans la réalisation de cette stèle élevée à la mémoire du Sous-lieutenant d'Arcangues, mortellement blessé le 10 août 1944, Mort pour la France le 11 août 1944 à Sargé-Lès-Le-Mans.

Les anciens se souviennent de ce Sargéen d'un jour, de ses funérailles dans l'église paroissiale et de sa tombe dans notre cimetière communal. Avec ce monument, en ce 60e anniversaire de la Libération, la Municipalité, le Souvenir Français et toutes les associations d'anciens combattants rendent hommage à tous les combattants de la Guerre de 1939-1945.

Né le 8 juillet 1920 à Bayonne, Benoît d'Arcangues est reçu à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr dans 128e promotion 1941-1942 baptisée Charles de Foucault. C'est cette promotion basée à Aix-En-Provence qui, dans l'Armée d'Armistice, transmet le flambeau de Saint-Cyr à Cherchell.

Bénéficiant du congé d'armistice, dès le 8 décembre 1942, il s'évade de France en traversant les Pyrénées et rejoint l'armée française en Algérie. Il intègre aussitôt Cherchell pour un complément de formation militaire. Comme Sous-lieutenant, il rejoint ensuite le 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique, une des unités de la 2e D.B.

Affectée au XVe Corps d'Armée US du Général Patton, la 2e D.B. participe à la bataille de Normandie et livre son premier combat important à Mézières-sous-Ponthouin.

Dans la nuit du 9 au 10 août, le 4e escadron du 12e RCA , celui de Benoît d'Arcangues, bivouaque dans un verger des Châtelets à Sargé. A 7h00, le 10 août, l'ordre est donné d'attaquer au Nord.

Le Sous-lieutenant d'Arcangues commande le 2e peloton composé du Navarre, char de commandement, et de quatre autres blindés.

Permettez-moi de vous lire des extraits de la lettre envoyée par Monsieur Jean Castalion au Général Massu il y a quelques années. Elle évoque les combats du 10 août 1944.Pilote du char Le Navarre, M. Castalion m'a fait parvenir ce document pour le produire aujourd'hui. J'en extrait quelques lignes.

Le capitaine Hargous, commandant du 4e escadron, ordonne au Sous-lieutenant d'Arcangues de prendre les Allemands à revers afin de les obligés à décrocher. Il guerroie pendant plus d'une heure à travers les lignes allemandes.  Au Tertre de Grippe, le Navarre est détruit par cinq obus perforants. Le co-pilote et le radio-chargeur sont tués. Le pilote Castalion peut s'évacuer du char par son portillon. La sortie est dégagée grâce à la présence d'esprit du lieutenant qui a fait tourner la tourelle du char dés le premier coup.

Soudain; il voit le Sous-lieutenant d'Arcangues se hisser à la force des bras hors de la tourelle, pour laisser passer le tireur de Vaumas. L'officier a la jambe droite sectionnée au-dessus du genou et la gauche ne tient que par des lambeaux de chair. Castalion le met à l'abri de cette saloperie de mitrailleuse. C'est là que d'Arcangues lui dit "Fous le camp… nous sommes encerclés".

Les deux rescapés du char sont faits prisonniers tandis que le Sous-lieutenant est laissé pour mort. Comme tous les combattants de la 2e D.B, ils sont considérés comme les SS de de Gaulle et prisonniers, ils sont fusillés sur-le-champ. La curiosité d'un officier allemand leur a laissé la vie sauve pendant quelques heures, ils en profitent pour s'évader.

Les fermiers voisins MM. Besnier et Hardouin évacuent le blessé vers leur maison. IL est pris en charge par une ambulance américaine qui le ramène à l'Hôpital américain APO 403 stationnée à Sargé. Il est 12 heures. Il y décède le 11 août 1944.

 

Le Sous-lieutenant d'Arcangues est Chevalier de la Légion d'Honneur et décoré de la Croix de Guerre avec palme à titre posthume.

Sur le Livre d'Or de la 2e D.B. et sur celui de la 128e promotion de l'Ecole de Saint Cyr sa citation est inscrite

" Sous-lieutenant du 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique.

Jeune officier animé du plus bel enthousiasme, excellent chef de peloton de chars.

Le 10 août 1944, au carrefour du Sablon, a entraîné son peloton dans une manœuvre hardie à travers un terrain difficile. A été mortellement blessé dans son char incendié. A refusé de se laisser ramener par son équipage pour permettre à celui-ci de gagner nos lignes. Modèle d'ardeur et d'entrain dans le combat.

Magnifique exemple dans le sacrifice".

 

 

Le 6 août 1945, Madame d'Arcangues, sa mère, écrivait à un habitant de Sargé, le capitaine Roger Caffieri, "Benoît est tombé les armes à la main. Il en avait envisagé la possibilité avant de franchir la frontière espagnole mais il n'avait pas hésité. Il savait que son devoir était là et il y est allé".

 

 

                                                              Le 11 novembre 2004

                                                               Jean-Jacques Caffieri