Le camp de Neuengamme

Situé à 25 km au sud-est de Hambourg, le camp de Neuengamme fut le plus important des camps du nord de l'Allemagne. C'est le premier des deux camps visités en 2019 par les lycéens sarthois, accompagnés, en dehors de membres de l'AERIS, par Christophe Mokrani, professeur au lycée Malraux d'Allonnes et Gabriele Naudin, proviseur du lycée Perseigne de Mamers, et Lydia Hamonou-Boiroux, maire-adjointe de la Ville du Mans.

Neuengamme fut d'abord un kommando extérieur du camp de Sachsenhausen. Fin 1938, une centaine de détenus, des "droit commun" allemands furent transférés ici pour y construire un camp et remettre en état l'ancienne briqueterie. La zone est en effet très argileuse, et Hitler a conçu un vaste projet d'urbanisme pour la ville de Hambourg. Pour ce faire il faut des briques, beaucoup de briques. Les détenus fourniront une main d'oeuvre qui ne coûtera pratiquement rien.

 

Devant l'un des bâtiments du camp, l'immense place où avaient lieu par tous les temps les appels interminables

 

Les baraques des détenus sont matérialisées par des rectangles empierrés

 

Neuengamme devient un camp autonome en juin 1940. A la fin de l'année il compte 3000 détenus. Y passeront au total 106 000 personnes dont 13 500 femmes. En majorité d'Union soviétique, puis de Pologne et ensuite de France. Il ne cessa alors de se développer: construction de bâtiments en brique, dont l'un abrite aujourd'hui l'exposition permanente, ateliers divers...

Un wagon de marchandises comme ceux dans lesquels arrivaient les déportés à l'emplacement de la "gare" aux portes du camp

 

A partir de l'hiver 43-44, les trains transportant les détenus arrivèrent directement à l'intérieur du camp, la voie ferrée ayant été prolongée jusqu'ici. De 1940 à 1942, des déportés furent employés à la création d'une voie navigable, consistant en l'élargissement du bras de l'Elbe et en la création d'un canal aboutissant à un port à proximité de la briqueterie. A partir d'ici les briques étaient acheminées jusqu'à Hambourg. Ces travaux gigantesques causèrent évidemment la mort de centaines de déportés.

La parcelle sur laquelle s'est développé le camp est de forme trapezoidale de 1600 m de long sur 450 m de large, soit environ 70 hectares. Plus des deux tiers de la surface ont été occupés par les activités de production, organisées en kommandos de travail. Pour la fabrication des briques, un millier de détenus extrayaient la glaise des glaisières à la main, il la transféraient ensuite dans des wagonnets poussés manuellement jusqu'à la briqueterie. Là, d'autres détenus pétrissaient la glaise pour façonner les briques, comme au Moyen-Âge, avant qu'elles soient cuites dans des fours

 

L'argile extraite des glaisières était acheminée vers la briqueterie par ces wagonnets poussés à la main

 

A l'arrière plan les rampes d'accès pour les wagonnets chargés d'argile.

 

L'intérieur de la briqueterie où les briques étaient cuites dans des fours puis séchées

 Dans d'autres secteurs du camp furent aménagés des ateliers de fabrication de pièces d'armes de guerre, divers ateliers d'usinage et de construction de moteurs, de fabrication et de réparation de pièces de bateaux, mais aussi des ateliers de menuiserie, de tressage de cordages.... En résumé le camp de Neuengamme fut un énorme centre industriel fonctionnant grâce à des esclaves sous alimentés qui tombaient d'épuisement ou sous les coups des brutes. 55 000 ne s'en relevèrent pas.

 

Les fours crématoires ont été détruits, il n'en reste que les fondations

 

L'évacuation du camp débuta en avril 1945. D'abord vers le camp de Bergen-Belsen, mais la libération de celui-ci, le 15 avril, contraria les plans des SS. Après de multiples détours, un convoi parvint à la gare de Brillit, près de Sandbostel, le 18 avril. Une semaine et 730 km parcourus,  pour arriver finalement à 50 km de Neuengamme. Dans les wagons, les hommes tombaient comme des mouches. Sandbostel était un camp de prisonniers dont toute une partie était inoccupée.

Les quelque 10 000 détenus qui restaient encore à Neuengamme furent évacués vers la baie de Lübeck à partir du 19 avril. C'est ici qu'eu lieu une autre tragédie. Les bateaux dans lesquels avaient été entassés les survivants pour être emmenés en Suède furent bombardés le 3 mai par l'aviation britannique qui avait aperçu des SS sur les ponts des navires. 8000 personnes périrent. Pendant des semaines, des corps échouèrent sur les plages...

Il n'y avait plus un seul déporté à Neuengamme lorsque les Alliés arrivèrent aux portes du camp le 4 mai 1945.