Le Mans notre ville 04 05

leMans

Le 24 avril 2005, La ville du Mans organise un débat entre les Déportés sur les conditions de leur retour. Photo prise pendant ce débat. 


Le Mans Notre Ville, 
Supplément avril 2005 

COMMUNIQUé COMMUN D’ACCOMPAGNEMENT 
DES ASSOCIATIONS DE DEPORTES 
ADIRP ADIF AERIS 




Mémoire 
1945 : les rescapés des déportés sarthois témoignent 
À l'occasion du 60e anniversaire de l'ouverture des camps, la Ville du Mans publie un cahier spécial donnant la parole aux survivants de la barbarie nazie et aux enfants de déportés. 
Il y a 60 ans, les camps nazis ouvraient leurs portes. Un laborieux périple à travers une Europe dévastée commençait pour les survivants… et, pour les familles des déportés, une interminable attente, souvent vaine. Sur les quelque 800 Sarthois déportés pendant la Seconde Guerre mondiale, 400 sont finalement revenus de l'enfer des camps. Même s'ils ont survécu, ceux qui ont regagné leur foyer à l'issue du conflit, portent à jamais les stigmates de leur internement. Douloureuse, leur parole est infiniment précieuse. Elle est indispensable au devoir de mémoire. Le recueil des témoignages, dont une vingtaine est consignée dans le cahier spécial, supplément à ce numéro de Le Mans notre ville, remonte aux années 80. "À cette époque, nous avons vu se multiplier, dans l'anonymat, les sépultures des témoins de la déportation", glissent Yves Voisin et Éric Goisedieu, respectivement président de l'Adirp et trésorier de l'Adif de la Sarthe (voir encadré). Confrontés à ces disparitions, ils incitent les survivants à parler, écrire, raconter. Enregistrements audio, vidéos, lettres manuscrites… la collecte s'organise progressivement, mobilisant acteurs et mouvements associatifs. L'Association pour les études sur la résistance intérieure sarthoise (Aeris) participe également à ce vaste travail, à la croisée de l'histoire et de la mémoire. 
Le retour des déportés 
L'été dernier, l'imminence des 60 ans de l'ouverture des camps accélère le processus. Malgré des différences idéologiques, les associations décident d'unir leur force pour célébrer cet anniversaire. "On a déjà évoqué, par le passé, le quotidien des camps, souligne Éric Goisedieu. Cette année, on voulait mettre l'accent sur le retour des déportés". Le retour des camps nazis, voilà donc la trame du cahier spécial, fruit d'une collaboration entre la Ville du Mans et les différentes associations de déportés et de résistants. "Nous avons eu un entretien avec le maire, Jean-Claude Boulard, en août", précise Jacques Chesnier, secrétaire de l'Aeris. "De ce rendez-vous a germé l'idée de publier un supplément à Le Mans notre ville". Déjà auteur de l'ouvrage, "8 août 1944 : La libération du Mans", édité l'an passé aux éditions de la Reinette, l'historien Emmanuel Jan a été sollicité pour assurer, à titre bénévole, la coordination du cahier spécial. "Notre ambition était de rendre hommage aux déportés sarthois et de replacer la déportation dans son contexte historique, tout en restant accessible au plus grand nombre". Et Éric Goisedieu d'ajouter, "avec les renseignements recueillis jusqu'ici, à droite et à gauche, il y a largement matière à écrire un livre. Mais, pour compléter encore nos informations, nous sommes toujours à la recherche de documents et de témoignages ayant trait à la période 1939-1945. D'ailleurs, nous profitons de cette commémoration pour lancer un appel à la population. Par pitié, ne jetez pas vos archives, confiez-les nous". 
Vous pouvez enrichir notre mémoire collective en dévoilant vos connaissances aux associations. 
Journée nationale de la déportation, le 24 avril 
Au Mans, pour célébrer le 60e anniversaire de la libération des camps, différentes manifestations ont été programmées au printemps. Le Centre des Expositions Paul Courboulay accueille ainsi, du 30 mars jusqu'au 25 avril, une exposition. Conçue et organisée par l'Aeris, son thème est axé sur " La libération des camps et la découverte de l'univers concentrationnaire". De nombreux documents sarthois y sont présentés. 
Depuis le 28 mars, les plaques (rues, commémoratives), mentionnant le patronyme des déportés, sont ornées d'un macaron tricolore. Le monument de la Résistance, place Aristide-Briand, est recouvert d'un immense drap rayé bleu et gris, piqué d'une étoile jaune et d'un triangle rouge frappé de la lettre F (déportés français). Cette commémoration silencieuse se poursuivra jusqu'au 8 mai. Un plan, localisant les différents lieux de mémoire, est joint au cahier spécial consacré au retour des déportés. En partenariat avec l'Office National des Anciens Combattants, la médiathèque Louis-Aragon proposera au public, le 19 avril, à 18h30, une conférence-débat.Elle sera animée par Annette Wieviorka, historienne, directrice de recherches au CNRS et auteur de l'ouvrage "Auschwitz, soixante ans après". 
La journée nationale de la déportation, le 24 avril, marquera le temps fort de ce 60e anniversaire. Une cérémonie officielle, Au Monument de la Résistance, ouvrira la manifestation. Elle se poursuivra, salle Pierre Guédou, par une séance publique de témoignages de rescapés des camps et de familles de déportés. La journée s'achèvera sur un buffet fraternel. 

Encadré 
Les associations sur le front de la solidarité 
L'été 45 voit la création de la Fédération nationale des centres d'entraide des internés et des déportés politiques, sur l'initiative d'une poignée de rescapés des camps. La vocation de cette association est d'abord de répondre à des besoins de première nécessité comme l'accès aux soins, au logement, au travail… dans une France éreintée par six ans de conflit. Rapidement s'impose également la nécessité d'une reconnaissance des droits et du statut des déportés. Au niveau local, de nombreuses associations d'entraide émergent progressivement à la fin de l'année 1945. Parmi elles, deux sont encore actives aujourd'hui. Il s'agit de l'Association des déportés, internés, résistants et patriotes (Adirp) et de l'Association des déportés, internés et familles de disparus. Aux démarches officielles s'ajoute bientôt, pour ces dernières, un travail de mémoire dont l'objectif est d'éviter aux camps de tomber dans les oubliettes de l'histoire. À partir de juin 2002, l'Association pour les études sur la résistance intérieure sarthoise (Aeris) vient apporter sa pierre, à la construction de la mémoire, par des expositions, par sa participation à la 25e Heure du Livre, par la collecte de documents et témoignages autour de la déportation… "Les actes de barbarie du nazisme sont une tragédie qu'il convient de garder toujours à l'esprit, remarque Yves Voisin, actuel président de l'Adirp Sarthe. Il faut veiller à ce que, jamais, de tels actes ne se reproduisent". 

Pour en savoir plus: 
- Adirp : Association des déportés, internés, résistants et patriotes de la Sarthe, 21, rue du Vercors, 72 100 Le Mans. 
- Adif : Association des déportés, internés et familles de disparus de la Sarthe, 134, rue des Maillets, 72 000 Le Mans.

-Aeris : Association pour les études sur la résistance intérieure sarthoise, les Jubinières, 72 190 Sargé-lès-Le Mans. 

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