Les bulldozers de Bergen-Belsen

Le camp de Bergen-Belsen fut créé en 1940 au sud des deux villes de Bergen et Belsen, à environ 20 km au nord de Celle. Jusqu'en 1943 c'était un camp de prisonniers de guerre. En avril 1943, les  autorités allemandes créèrent un "camp de résidence" sur une partie du site, pour accueillir d'abord plusieurs milliers de prisonniers juifs censés être échangés contre des citoyens allemands détenus par les Alliés. Très peu furent en réalité échangés.

Le camp s'agrandit jusqu'à comprendre huit sections. La section "prisonniers" recevait des Juifs transférés des camps du Struthof-Natzwiller et de Buchenwald. Il ferma en février 1944. En mars 1944, des prisonniers d'autres camps, trop malades, constituèrent une sorte de "camp hôpital". Le "camp spécial" reçut 2 400 Juifs de Pologne, dont 1700 furent envoyés à Auschwitz, où ils furent tous assassinés. Le "camp neutre" fut réservé à 350 Juifs de pays tels que l'Espagne, le Portugal, l'Argentine et  la Turquie. Le "camp étoile" comptait quelque 4 000 prisonniers juifs, venant pour la plupart des Pays-Bas. Le "camp hongrois" fut construit en juillet 1944 pour plus de 1 600 Juifs hongrois. 200 femmes juives françaises, certaines accompagnées de leurs enfants, y furent internées.

La maquette du camp de Bergen-Belsen: 4km de long sur 2 de large

Lorsque la capacité du camp-hôpital fut dépassée, des détenus furent transférés dans un camp de tentes. C'est ici qu'atterrit la jeune Anne Franck. Nombre d'entre eux furent assassinés par des injections mortelles dans l'infirmerie du camp.

Bergen-Belsen devint un centre de regroupement des déportés évacués des camps les plus
proches du front à mesure que les Alliés avançaient en Allemagne. L'arrivée de milliers de nouveaux détenus, dont de nombreux survivants des marches de la mort, entraîna une terrible surpopulation. En février 1945, ils étaient déjà 22 000, avec l'arrivée des déportés évacués de l'est, on comptait en avril plus de 60 000 personnes dans le camp. Les conditions sanitaires épouvantables et le manque de nourriture provoquèrent une épidémie de typhus. On estime que pendant les premiers mois de 1945, 35 000 personnes moururent.

 

 

Les troupes britanniques, le 15 avril 1945, découvrirent un spectacle dantesque. Des soldats furent effrayés à la vision de ces morts vivants dont certains tenaient debout on se demande comment. Les documents filmés tournés à cette époque sont insoutenables. Dans les baraquements, sous les tentes, les morts étaient mélangés aux vivants. Des milliers de cadavres non enterrés jonchaient le sol, l'odeur était épouvantable. Plus de 10 000 personnes, trop affaiblies, moururent encore dans les jours qui suivirent.

Les Britanniques obligèrent d'abord les quelque SS demeurés sur place, ainsi que des habitants des villages voisins, à enterrer les morts, mais devant l'ampleur et l'urgence de la tâche, il fallu employer des bulldozers pour pousser les monceaux de cadavres dans des fosses communes, où ils furent recouverts de chaux vive.

Après l'évacuation de Bergen-Belsen, l'armée décida d'incendier le camp jusqu'au dernier bout de fil de fer barbelé, seule façon d'éviter la propagation du typhus. Il ne subsiste donc rien aujourd'hui des installations de l'époque, seuls quelques objets retrouvés dans les décombres sont visibles au musée.

 

Les bulldozers de l'armée britannique poussant les cadavres décharnés jusqu'aux fosses communes.