Hartheim, centre de mise à mort
Situé à Alkoven près de Linz, en Haute-Autriche, le joli château de Hartheim construit au XVIe siècle fut transformé vers 1890 en asile pour les faibles d'esprit, géré par les Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul. Il allait devenir un des centres de mise à mort de l'opération d'euthanasie des handicapés mentaux organisée par le régime nazi.
Baptisé Aktion T4 du nom de l'adresse du bureau central de l'opération, Tiergartenstrasse 4 dans un quartier de Berlin, le programme d'assassinat organisé des handicapés fut l'une des applications concrètes d'un des objectifs défendus par Hitler dès 1933. A savoir que toux ceux qui naissaient avec des handicaps étaient obligatoirement des êtres inférieurs, et ne devaient donc pas entacher la race supérieure. Il était alors logique de les faire disparaître. Le régime s'employa pendant toute la fin des années trente à préparer la population à admettre cette thèse, au moyen d'une propagande d'affiches, de documentaires et autres. On affirmait par exemple qu'un patient hospitalisé dans un asile coûtait 5,5 Reichmarks par jour, somme suffisante pour une famille avec trois enfants en bonne santé. Les plus jeunes sont également formatés. Dans un manuel de Mathématiques pour les écoles primaires, on demande aux élèves de résoudre ce problème: "La construction d'un asile d'aliénés coûtant 6 millions de Marks, combien d'habitations à 15 millions de Marks pourrait-on construire?".
Près de 71000 handicapés assassinés
Des dizaines de milliers de femmes allemandes furent ainsi stérilisées jusqu'en 1939 en application de la loi qui imposait la stérilisation aux malades atteints de maladies héréditaires ou congénitales comme la cécité, l'alcoolisme ou la schizophrénie
A partir de 1939, et en même temps que la déclaration de guerre à la Pologne, fut décidée la création de lieux de mise à mort des handicapés, opération qui devait bien entendu rester secrète. Six centres d'euthanasie furent ouverts, derrière les murs d'établissements ayant belle allure. Les futures victimes étaient transportées depuis les hôpitaux psychiatriques vers les centres de gazage par des autocars aux vitres peintes. Le processus d'assassinat, du monoxyde de carbone injecté dans des salles aux allures de douches, était effectué par des SS. Plus tard une lettre type parvenait à chaque famille pour annoncer les décès, alors que le malade avait déjà été incinéré. Les certificats de décès falsifiés faisaient état de maladies contractées ou d'infections.
Plus de 70700 personnes furent assassinées pendant les mois de l'Aktion T4, qui prit fin officiellement le 24 août 1941, après la prise de position publique le 3 août de l'Evêque de Münster, Clemens August von Galen, laquelle connut un énorme retentissement dans le pays et à l'étranger.
Le chateau de Hartheim fut alors utilisé pour exterminer les déportés de Mauthausen incapables de continuer à travailler, dans le cadre de l'opération baptisée 14f13
Philippe LAVERGNE