Les déportés sarthois ont leur nom sur un mémorial

Dimanche, lors la Journée nationale de la Déportation, le Mémorial des déportés de la Sarthe a été inauguré devant la préfecture en présence de nombreuses familles de déportés. Une cérémonie émouvante, parrainée par Andrée Dupont-Thiersault, rescapée de Ravensbrück et dernière déportée du département, et une autre figure bien connue, Joseph Weismann, rescapé de la rafle du Vel d'hiv.

Les plaques du mémorial dévoilées par André Dupont-Thiersault et Joseph Weismann, en présence du préfet,
du président du Département, des élus et de représentants d'associations

 Des bouquets ont été déposés par les familles devant les noms des disparus

1502 noms sont donc gravés aujourd'hui sur des plaques formant un arc de cercle autour du monument de la Résistance. Déportés quel que soit le motif. Disparus dans les camps pour beaucoup. Revenus pour certains. Des lycéens de Sainte-Croix-Saint-Charles, Funay, Le Mans Sud, Malraux, apprentis de La Germinière à Rouillon et un élève du Prytanée de La Flèche ont donné les témoignages de cinq d'entre eux. A cet instant, Andrée Dupont-Thiersault et Joseph Weismann, assis côte à côte, se tenaient la main.

Citant Geneviève Antonioz de Gaulle, déportée elle aussi à Ravensbrück, Simone Alizon, Primo Levi ou encore Charlotte Delbo, déportés à Auschwitz-Birkenau, Eric Goisedieu, entre autre co-président du collectif d'associations à l'origine du projet a rappelé le calvaire des déportés dans les camps nazis, qui se sentaient mourir à chaque seconde, qui voyaient parfois leurs proches disparaître devant leurs yeux, ou qui s'éteignaient et tombaient, comme une feuille se détachant de sa branche. "Alors que les derniers déportés disparaissent autour de nous, il appartient à chacun de nous de prendre le témoin, réaffirmons notre volonté de ne jamais les oublier et de rester fidèles à leur message"

André Dupont-Thiersault et Joseph Weismann, parrains de la cérémonie

Au nom de la délégation départementale des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD) Jean-Pierre Monnier, également co-président du collectif, a à son tour souhaité que cette journée "ne soit pas le geste d'un jour". "On entend trop régulièrement des paroles et l'on voit trop souvent des faits qui montrent que le ventre de la bête immonde est toujours fécond". Et de citer Winston Churchill: "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre"

Lors de la lecture du message pour la Journée nationale de la déportation rédigé par la FNDIRP, la FMD, l'UNADIF-FNDIR et les associations de mémoire, Yves Voisin, membre du comité national de la FNDIRP a également souligné "l'inquiétude à l'égard d'une Europe divisée et habitée par la résurgence de mouvements nationalistes", qui "doit être celle de la mémoire de millions d'être humains sacrifiés par une idélogie perverse"

Ce mémorial, rappelons-le, est l'aboutissement du projet né en 2013 qui a vu la création d'un collectif d’associations. Deux d'entre elles ont mené l’ensemble du projet, Les Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation et le Souvenir Français. Quatre historiens ont contribué à la constitution de la liste de 1502 noms. Aux recherches d'Yves Moreau, sur le sort des déportés juifs de la Sarthe, se sont ajoutées celles d'Emmanuel Jan et de Joseph Estevès, sur les déportés politiques, et celles d'Eric Goisedieu. Quatre ans ont été nécessaires. "La première difficulté, rappelle Yves Voisin, a été de définir les critères à respecter pour chacune des victimes, et le premier débat sur ce sujet a été difficile. Savoir si l’on comptabilisait seulement les déportés résistants, ou ceux décédés, partis exclusivement depuis la Sarthe, auquel cas il était nécessaire de les identifier en se référant à l’histoire locale de la Résistance, des arrestations et des transports depuis le département. Ou bien parlait-on de tous les déportés quelles que soient les raisons de leur arrestation. C’est cette option qui a été retenue avec l’obligation de rechercher la vérité au plus près. Nous partions de listes d’adhérents à nos associations ou de travaux divers d’historiens n’ayant pas eu les mêmes contraintes, les mêmes objectifs ou les mêmes moyens. Les critères de départ ont évolué au fur et à mesure. Prise en compte des arrestations en Allemagnes, des déportés vers les prisons… Une dernière liste a été définitivement constituée le 13 mars 2019 et approuvée par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. 1502 noms comprenant 1098 déportés de répression, surtout des résistants, 404 déportés Israélites dont 81 enfants, tous disparus"

Coût du mémorial : 30 000€. Il a été financé par une souscription ouverte en priorité aux 17 associations du collectif, et par des subventions des collectivités locales, des dons privés et de sponsors . C'est l'entreprise Williamey, de Parigné l'Evêque, qui a été chargée de la fabrication des plaques.