L'AERIS A MAUTHAUSEN EN 2017
Du 7 au 12 avril, l'association accompagnera une trentaine d'élèves des lycées Funay-Hélène Boucher et Sainte-Croix du Mans, et Malraux d'Allonnes, à Mauthausen en Autriche. Retour sur le site de l'ancien camp de concentration nazi, déjà visité en 2007 lors du premier voyage de l'AERIS avec des lycéens.
Le Mans, 30 janvier 2017. Le 30 novembre dernier, l'AERIS recevait au lycée Funay au Mans Jean-Louis Roussel, professeur d'Histoire, vice président du Comité international de Mauthausen, un des specialistes de ce camp de concentration ouvert en 1938, par lequel passèrent plus de 198 000 déportés dont 118 000 périrent. Jean-Louis Roussel retrouvera en effet en avril prochain en Autriche les trente lycéens du Mans et d'Allonnes, et leurs professeurs, tous volontaires pour ce onzième voyage pédagogique proposé par l'association sarthoise. La conférence qu'il a donnée au Mans au cours de laquelle il a abordé l'historique du camp et son fonctionnement a fourni une première approche aux jeunes présents
De 1938 à 1942, Mauthausen, qui avait la particularité de se trouver à proximité immédiate d'une carrière de granit, servit à l'élimination des opposants au régime nazi. Y étaient appliquées les mêmes conditions qu'à  Buchenwald ou Dachau. Les détenus affectés à la carrière accomplissaient un travail inutile, dont le seul but était de les humilier, de les épuiser par le travail et de les détruire. Des Républicains espagnols furent par exemple envoyés à Mauthausen, mais aussi des jeunes Sarthois du Lude, qui avaient essayé de se soustraire au STO (Service du travail obligatoire).
MAIN D'OEUVRE A BON MARCHE
D'abord camp entouré de barbelés, Mauthausen se transforma progressivement en forteresse de granit, et de 1942 à 1944, la politique "économique" prit le pas sur la politique d'anéantissement. Les nazis utilisèrent une main d'oeuvre à bon marché pour les besoins de la guerre, essentiellement en Russie, selon les objectifs développés par Oswald Pohl, responsable de l'Office central SS pour l'économie et l'administration. Ainsi les rations alimentaires journalières furent quelque peu augmentées et l'administration du camp utilisa les compétences professionnelles des détenus, sous le contrôle d'entreprises privées qui ouvrirent des camps annexes, comme Gusen, à 3 km de Mauthausen, Ternberg, ou encore Ebensee avec ses tunnels creusés dans la montagne pour protéger des bombardements les usines souterraines qui y furent aménagées. Durant cette période, les déportés vinrent de partout pour fournir la main d'oeuvre nécessaire.
A partir de 1944, Mauthausen accueillit des détenus d'autres camps, il s'en suivit une surpopulation effroyable qui nécessita l'aménagement de camps de toile annexes, où furent entassés des milliers de personnes. Par ailleurs, avec la fermeture d'Auschwitz, le camp devint un camp d'extermination des Juifs.
126 SARTHOIS
Officiellement, 139 317 personnes, dont 126 Sarthois, sont passées par Mauthausen, mais les estimations font état de 198 000, dont plus de la moitié est décédée. 9394 Français au moins y ont été déportés, dont 4778 sont morts. Mauthausen a également accueilli 5000 femmes en raison de l'évacuation de Ravensbrück, 588 Françaises y ont trouvé la mort.
Pendant leur séjour, les lycéens sarthois qui seront hébergés à Bad Kreuzen, visiteront d'abord le mémorial de Gusen, avant de se rendre à Ebensee. Le lendemain, ils visiteront le site de Hartheim, puis la carrière du camp de Mauthausen. Le troisième jour sera consacré à la visite du camp de concentration et du musée de Mauthausen avant le retour au Mans
Le travail effectué par les lycéens à la suite de ce voyage devrait être présenté au lycée Funay vers la fin du mois de mai.
Philippe LAVERGNE