LE STRUTHOF, Voyage pédagogique A E R I S 2022
Compte - rendu par une Lycéenne de Malraux Allonnes
NOM Prénom: EKINDI Elisa
Lycée André Malraux 3 rue de Beau Soleil 72700 ALLONNES
Compte rendu de ma visite au camp du Struthof.
Nous étions un groupe de trente lycéennes et lycéens du Lycée André Malraux d’Allonnes et
du Lycée Professionnel Funay-Hélène Boucher du Mans et nous avons visité grâce à l’AERIS le
camp de Natzweiler-Struthof en Alsace du 9 au 12 avril 2022. Ce bagne nazi est le seul camp
de concentration ayant existé sur le territoire français actuel. Il a vu entrer plus de 50 000
prisonniers de 30 nationalités différentes (dont environ 22 000 sont morts) et les raisons de
déportation étaient très nombreuses. Le nom de ce camp m’était pourtant totalement
inconnu avant d’avoir l’opportunité de visiter ce lieu historique et je retrace ici les souvenirs
marquants de ce voyage pédagogique mémorable.
Le site du camp, si toutes ces horreurs ne s’étaient produites ici, serait d’une grande beauté.
Ces montagnes des Vosges, ces forêts de sapins, ces routes en lacets, tout cela a un aspect tout
à fait charmant aujourd’hui. Par ailleurs, avant de devenir un camp, le Struthof était un site
touristique et plus exactement une piste de ski. Mais toute cette beauté ne peut que nous
glisser entre les doigts lorsque nous savons pourquoi nous visitons cet endroit. Comment
appréhender le contraste immense entre ce paysage idyllique et les horreurs qui s’y sont
déroulées ?
Â
                    Vue sur le camp et les montagnes des Vosges à l’entrée du site.
moyens.
 Évidemment, nous savons, nous avons entendu parler, étudié même ce qui s’est passé ici ;
mais des années après, lorsque nous marchons dans un endroit où tant de personnes enduré tant de souffrances, ont vécu leurs derniers moments loin des leurs, ont été
froidement exécutées, nous ne pouvons réellement imaginer qu’une partie infime et sans
doute superficielle de toutes les horreurs perpétrées ici. Une situation si horrible est
impossible à retranscrire pour des personnes n’ayant jamais côtoyé ces monstruosités. En
classe, notre professeur d’Histoire-Géographie nous a préparés à affronter cet univers, mais
notre esprit reste en deçà de toute la réalité.
Un premier exemple m’a plongé dans une réflexion plutôt angoissante. Les SS avaient le
pouvoir de condamner n’importe quel prisonnier sans raison particulière : les détenus se
voyaient dans l’obligation de toujours porter un béret lors de leurs travaux. Ils n’avaient pas
non plus le droit de franchir certaines lignes blanches qui délimitaient le camp. Alors
lorsqu’un SS jetait le béret de l’un d’entre eux au-delà de ces limites, cela obligeait le déporté Ã
désobéir à au moins une règle. Et dans les camps comme celui-ci, désobéir signifiait mourir.
Le prisonnier en question était donc condamné à mort, qu’il choisisse d’aller chercher son
béret ou de n’en point porter. Quelle était la valeur d’une vie humaine pour les nazis ?
Pour eux les détenus devaient perdre leur condition humaine au plus vite… Ils n’avaient plus
de nom mais un matricule pour les identifier. Un triangle identifiait également leur catégorie,
c’est à dire la raison de leur déportation (politiques allemands, français ou juifs, témoins de
Jéhovah, tziganes…) Leur numéro, inscrit au dessus de leur triangle, les rangeait presque au
niveau des animaux, leur faisant perdre une partie de leur identité et de leur humanité.
En entrant dans ce camp, tous ces hommes devenaient à la merci des nazis, ils étaient traités
comme des esclaves, ils ne bénéficiaient d’aucune liberté, leurs droits humains étaient
bafoués.
Les conditions de vie dans ce camp de concentration, comme dans tous les autres, étaient
atroces. Les détenus étaient forcés de travailler à longueur de journée, sans relâche. Ils
travaillaient dehors peu importe la météo ; et en hiver, seul un léger pyjama recouvrait leurs
corps faibles et maigres. Leur sommeil et leur alimentation n’étaient pas la principale
préoccupation de leurs bourreaux. Ils mangeaient une sorte de soupe, presque composée
uniquement d’eau contenue dans un petit bol. Et cela était leur unique source d’alimentation ;
ils devaient tenir la journée avec le ventre presque vide. Alors si par malheur l’un d’entre eux
renversait le contenu de son bol par terre, un grand nombre de détenus, tiraillés par la faim,
se précipitaient pour laper le sol. Les nazis réussissaient à leur faire perdre toute dignité
humaine tellement les conditions de vie étaient rudes. Cette anecdote m’a particulièrement
touchée, et je me suis souvent demandé comment des hommes ont pu en arriver là . Comment
les nazis pouvaient ils vivre avec de tels actes sur la conscience, sans même ressentir une once
de culpabilité ?
Outre ces conditions de vie épouvantables, les nazis
infligeaient aux détenus de nombreux coups de fouet. Les
prisonniers pouvaient être condamnés à en recevoir un certain
nombre. Attachés sur un instrument de torture, mains et
pieds bloqués, le corps tordu dans une position atroce, le
détenu subissait le nombre de coups qui lui avait été attribué.
Le nombre de coups de fouet minimal était si élevé que seule
la mort pouvait venir le délivrer de sa souffrance. Encore une
fois, cela montre que les nazis avaient le pouvoir de vie ou de
mort sur chacun des déportés ; et parfois juste pour s’amuser,
il pouvaient condamner l’un d’entre eux à mort par différents moyens