Ebensee, le travail jusqu'à la mort

Le paysage est superbe lorsqu'on longe par la route le lac Traunsee, le plus profond d'Autriche. Passé Gmunden, le Deauville autrichien avec ses splendides hôtels au milieu des montagnes, Ebensee n'a plus la même allure. Village plutôt industriel, il est resté un lieu maudit pour avoir abrité l'un des pires camps annexes de Mauthausen, où l'on estime que 20 000 détenus périrent pour construire les tunnels destinés à abriter là aussi des usines d'armements, en particulier pour la favbrication de pièces de V2, ces fusées capables d'aller semer la mort au delà de la Manche, en Angleterre.

Le camp d'Ebensee était entouré d'une enceinte barbelée et de miradors avec des mitrailleuses. Les tunnels, une quinzaine, tous reliés entre eux par des galeries, furent là encore creusés par les détenus à partir de la fin 1943.

Ebensee fut le parfait exemple d'extermination de l'être humain par le travail. Les hommes travaillaient au début de 4h30 le matin à 18h le soir puis ensuite par équipes 24 heures sur 24. Le passe-temps favori d'un chef de bloc était par ailleurs d'obliger les détenus à faire des exercices physiques toute la nuit après leur journée de travail et avant la suivante. A ce rythme les hommes mourraient au bout de dix jours. Les rations de nourriture étaient réduites à leur plus simple expression: un demi-litre d'eau tiède mélangée à du faux café le matin, trois quarts de litre de soupe à base de pelures de pommes de terre le midi et 150g de pain le soir.

Le camp n'avait pratiquement pas de baraques au début, les prisonniers survivaient en plein air, par tous les temps.  Epuisés par la malnutrition, la fatigue et les maladies, ils tombaient comme des mouches. Les corps restaient entassés à l'extérieur  ou dans les baraques, jusqu'à ce qu'on les transporte, deux fois par semaine à Mauthausen, pour être incinérés

Les commandants successifs d'Ebensee furent de vrais sadiques sans état d'âme. L'un d'eux, Bachmayer, aimait particulièrement attacher les bras des détenus dans le dos et les suspendre à un arbre les pieds à quelques centimètres du sol. Il lâchait alors son chien sur eux, le molosse, entraîné, les déchiquetait. Un autre, Riemer, offrait des rations de cigarettes supplémentaires aux gardes qui tuaient le plus de détenus. Leur jeu préféré était d'arracher les bérets des prisonniers et de les lancer près des barbelés. Ils obligeaient alors les hommes à aller les récupérer dans la "zone interdite", ceux-ci étaient immédiatement abattus comme des chiens.

Dépourvu initialement de crématoire, Ebensee en eut finalement un qui s'avéra incapable de d'incinérer les corps au rythme où iil aurait fallu. Dans les dernières semaines précédant la libération, environ 350 hommes mourraient chaque jour